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Les dessins inédits d'un résistant de la seconde guerre refont surface par hasard 52 ans après sa mort

Cinquante-deux ans après la mort de l'artiste de Charles Hallo, sa famille a découvert l'un de ses carnets de croquis lors d'un déménagement. L'homme avait été arrêté par la Gestapo et incarcéré dans la prison de Compiègne (Oise) à cause de ses activités de résistant durant la Seconde Guerre mondiale. Dans sa cellule, il se cachait pour dessiner et relater son quotidien sur son petit cahier. Un document inestimable à plus d'un titre.

Durant sa captivité, Charles Hallo a croqué plusieurs de ses codétenus dans le plus grand secret.
Durant sa captivité, Charles Hallo a croqué plusieurs de ses codétenus dans le plus grand secret. | CHARLES HALLO / ARCHIVES DE LA VILLE DE COMPIEGNE
  • Durant sa captivité, Charles Hallo a croqué plusieurs de ses codétenus dans le plus grand secret.
    Durant sa captivité, Charles Hallo a croqué plusieurs de ses codétenus dans le plus grand secret. | CHARLES HALLO / ARCHIVES DE LA VILLE DE COMPIEGNE

Charles Hallo est décédé en 1969 en emportant ses secrets. Le peintre et dessinateur connu sous le pseudo ALO n'a jamais raconté à ses proches comment il aidait les alliés durant la guerre 39-45 ni les détails de son arrestation par les Allemands, ni la dureté de son incarcération dans la prison de Compiègne (Oise) de janvier à avril 1944. Mais un de ses carnets vient de ressurgir et lève le voile sur cette partie de vie qui restait encore secrète pour sa propre famille.

« Ma cousine, qui vit près d'Aix-en-Provence, a retrouvé ce carnet dans les affaires de son père. Elle est issue d'une famille de militaires qui déménageait beaucoup. Vous savez, parfois, il y a des cartons qui nous suivent mais que nous n'ouvrons jamais », relate Jean-Guy Hallo, l'un des petits-fils de l'artiste. C'est dans l'un de ces fameux cartons restés fermés durant « certainement plusieurs décennies » qu'un calepin de Charles Hallo a été retrouvé. Il avait réussi à le cacher dans sa cellule. Muni d'un crayon, il croquait ses codétenus et racontait très succinctement son quotidien de prisonnier pour économiser certainement les 35 pages ainsi que la mine.

Un témoignage inédit

« Quand j'ai feuilleté le carnet, j'ai été bouleversé », reconnaît Jean-Guy Hallo. Au fil des pages, les visages des prisonniers apparaissent. ALO a immortalisé la tinette, un énorme seau dans lequel il devait faire ses besoins et qui propageait une odeur nauséabonde dans la cellule. Il a également dessiné le visage d'un espion, surnommé Mouton, qui devait surveiller les prisonniers et informer les Allemands. Il a reproduit des moments de vie : des détenus en train de faire la sieste, se lançant des boules de neige...

Ce document n'est pas uniquement précieux pour la famille de Charles Hallo mais également pour la Ville de Compiègne et les historiens. La prison a fermé en 2015 et peu de témoignages ont été retrouvés. « Même les services de l’État n’ont pas grand-chose. J’ai cherché aux archives départementales et, à part quelques registres d’écrou. Il n’y a rien », s'est désolé le directeur des archives municipales Frédéric Guyon auprès du Parisien.

Le carnet immortalisé à jamais

Mais en apprenant l'existence de ce journal, Jean-Guy Hallo a eu le réflexe de contacter la commune. Il faut dire que le jeune retraité est l'ancien directeur général des services à l’agglomération de la région de Compiègne. « J'ai rappelé mes services, nous a-t-il confirmé. C'est apparemment le seul témoignage qu'ils ont de cette période. Ils ont trouvé cela passionnant. » Le document est si rare qu'il a été intégralement numérisé et est désormais consultable sur Internet. L'original, lui, est retourné à Aix-en-Provence dans la famille Hallo.

Grâce au carnet, les lecteurs peuvent désormais connaître la face cachée du dessinateur qui a été mobilisé lors de la Première Guerre mondiale dans l'observation aérienne puis qui a été instructeur dans l'observation aérienne en 39-45. À son retour à Senlis, il s'était engagé au sein de la Résistance. Il faisait parvenir des plans aux alliés notamment grâce à la discrétion de son épouse. Elle cachait les documents dans ses talons. L'homme a été dénoncé fin 1943 par une Française, Hélène Douls. Après le conflit, elle a été déclarée pénalement irresponsable et n'a jamais été condamnée.

Une conférence et une exposition ?

À sa libération, Charles Hallo s'est réinstallé dans la maison familiale à Senlis avant d'emménager dans un appartement parisien. Passionné par le dessin animalier, il a gagné rapidement en notoriété et s'est même chargé de plusieurs illustrations qui apparaissent sur les célèbres carrés Hermès. Mais le grand public le connaît surtout pour ses célèbres affiches produites entre 1920 et 1936 pour les compagnies de chemin de fer. Cet amoureux de l'Ile-Tudy (Finistère) s'inspirait notamment des paysages bretons pour ses œuvres. Il est décédé à Senlis en décembre 1969.

Sa famille rêve désormais de partager ce trésor. Jean-Guy Hallo prépare une conférence et espère monter une exposition à partir du journal. Avec l'aide du président de la Société d'histoire moderne et contemporaine de Compiègne, il a publié un long article en hommage à Charles Hallo. Une façon pour lui d'immortaliser le travail de son grand-père.

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